AMOUREUSE DU VAL-ANDRÉ DEPUIS L’ENFANCE, CHARLOTTE VALANDREY A CHOISI UN NOM D’ARTISTE QUI REND HOMMAGE À LA STATION BALNÉAIRE OÙ ELLE PASSE RÉGULIÈREMENT SES VACANCES. COSTARMORICAINE DE CŒUR, ELLE A ACCEPTÉ D’ÊTRE LA MARRAINE DU PREMIER NUMÉRO DE KATELL MAG. RENCONTRE PLACÉE SOUS LE SIGNE DE L’ESPOIR AVEC UNE FEMME COURAGEUSE ET PASSIONNÉE.
article : Martine Gauffeny // photos : Partrick Fours // coiffeur : Denis pour Eric Stipa
En 1985, la France découvre Charlotte Va- landrey, une jeune comédienne de 16 ans qui crève l’écran dans le film « Rouge Baiser », où elle tient le rôle principal. Elle est Nadia, une jeune militante communiste révoltée. La jeune fille est propulsée au firmament des jeunes stars du cinéma français. Elle obtient, en 1986, un prix d’interprétation au prestigieux festival de Berlin. La même année, elle est nominée aux Césars. Mais sa carrière cinématographique est ralentie lorsqu’à 17 ans, elle découvre qu’elle est séropositive. Moins sollicitée par les réalisateurs, elle poursuivra néanmoins sa carrière à la télévision où elle incarne pendant huit ans la fille du commissaire, dans la célèbre série « Les Cordiers, juge et Flic ». En 2005, Charlotte Valandrey touche le cœur des français en racontant son émouvante histoire dans une autobiographie «L’Amour dans le sang». Elle y livre aussi qu’elle a été victime de deux infarctus qui ont failli lui coûter la vie et qu’elle a reçu une greffe du cœur en 2003. En septembre 2011, la comédienne publie un second récit, « De cœur inconnu », qui relate une troublante expé- rience vécue après cette greffe. Elle a le sentiment d’avoir reçu non seulement le cœur de sa donneuse mais d’avoir également hérité de ses goûts, et même de certains souvenirs. Une théorie, celle de la « mémoire cellulaire », qui fait polémique, notamment au sein de la communauté scientifique. Charlotte Valandrey nous a reçus dans son appartement parisien pour évoquer, avec simplicité et modestie, cette étrange histoire mais aussi son profond attachement à notre région et les nombreux projets qui fleurissent après une pause dans sa carrière. Belle leçon de vie d’une femme apaisée et sincère qui, malgré les épreuves, garde une foi en l’avenir qui force l’admiration.
Katell Mag : On lit souvent dans les médias que vous êtes née au Val-André ?
Charlotte Valandrey : C’est une information que l’on retrouve souvent dans la presse mais la vérité est que je suis née à Paris où j’ai vécu avec mes parents. Ce qui est exact, c’est que j’ai passé toutes mes vacances en Bretagne. Les deux mois d’été, les vacances de Pâques... Nous n’allions pas aux sports d’hiver et je n’ai pas connu pendant mon enfance d’autre soleil que celui du Val-André. C’est peut-être pour cela que les gens ont l’impression que je suis née en Côtes-d’Armor.
KM : Vos meilleurs souvenirs en Bretagne ?
CV : J’en ai plein ! Des bons et des plus tristes aussi. Jusqu’à l’âge de six ans, ce sont des souvenirs de la grande maison de Caravalo, derrière le Val Joli avec tous les cousins. Mon grand-père tenait à ce que l’on se lève tôt, donc à sept heures, la cloche sonnait. On passait nos journées à la plage et, le soir, tous les cousins se retrouvaient autour de joyeux dîners. Ça m’a beaucoup manqué lorsqu’on a déménagé à Pléneuf. Je me souviens aussi qu’à 12 ans, j’étais amoureuse d’un garçon qui s’appelait Jade. Je passais devant sa maison pour l’apercevoir, j’écrivais son nom sur la plage... Plus tard, adolescente, j’avais une bande de copains que je retrouvais chaque année sur la plage. Le soir, on sortait au Bakoua. On s’est beaucoup amusés !
KM : Votre endroit préféré sur la Côte d’Emeraude ? CV : Sans hésitation, la plage du Val-André. Le mieux, c’est quand la mer est haute le soir, qu’il est 20 heures et qu’il fait chaud. Bon d’accord, ça n’arrive pas très souvent...(rires) mais quand toutes les conditions sont réunies, on en profite vraiment ! À vrai dire, je connais mal le reste des Côtes-d’Armor. C’est maintenant que je partirais bien en voiture faire le tour du département pour décou- vrir d’autres lieux. J’aime bien les chemins de douaniers, tous ces endroits où l’on peut faire de belles randonnées.
KM : Votre actualité récente, c’est la publication d’un second livre, « De cœur inconnu ». Vous y racontez une expérience troublante vécue après votre greffe du cœur, en 2003, mettant en lumière une théorie peu connue du grand public : la mémoire cellulaire. Les cellules du cœur stockeraient des images, des sensations, des goûts de la personne pour laquelle il bat. Par la suite, après une transplantation, ces mêmes cellules pourraient envoyer les souvenirs du donneur dans le cerveau du receveur où ils refe- raient surface. Les scientifiques sont assez réservés sur la validité de cette théorie... CV : J’ai écrit ce que j’ai ressenti. Je comprends que l’on se pose des questions et, pour ma part, je n’ai pas écrit ce livre pour être le porte-drapeau de la mémoire cellulaire. Au départ, je ne voulais pas en parler mais on m’a dit de l’écrire parce que c’était une belle histoire et que cela permettra peut-être à d’autres personnes de savoir qu'elles ne sont pas les seules à avoir vécu les mêmes sensations. Et puis, il s’agit d’une très belle histoire d’amour... Comme d’habitude, dans ma vie. Je sais que cette expérience particulière peut faire peur mais, à cette époque, j’étais tellement en quête de sens à donner à ma vie que je pense que j’étais aussi très sensible à cela. Si j’avais récupéré très vite de ma greffe, peut être que rien de tout cela ne serait arrivé. Dans les courriers que je reçois, il y a des personnes qui me disent qu’ils sont heureux de ne pas être seuls à avoir vécu des choses un peu similaires.
KM : Votre livre raconte aussi, et surtout, la naissance d’une histoire d’amour, avec Yann, le mari de votre donneuse. Y-aura-t-il un prolongement à ce récit ?
CV : Les droits du livre viennent d’être achetés pour en sortir une adaptation cinématographique. Je prépare aussi une suite à cette histoire et le livre devrait paraître en septembre. Les lecteurs sauront donc ce qu’est devenu Yann...
KM : Des projets artistique pour 2012 ? CV : Si tout va bien, en septembre, je jouerai dans un théâtre parisien dans « Encore une histoire d’amour », une pièce de Tom Kempinski. C’est un auteur anglais connu au niveau international pour son œuvre majeure « Duo pour violon seul ». La pièce que nous allons jouer est mise en scène par Benoît Lavigne. C’est une histoire à deux personnages qui apprennent à se connaître par téléphone. Lui, est un auteur à succès, renfermé sur lui- même, qui ne sort plus, un peu parano. Elle, est comédienne, handicapée des jambes, et a envie de monter une de ses pièces. Elle va l’appeler pour acheter les droits et, petit à petit, vont se tisser des liens entre eux. Nous sommes à la phase de lecture de la pièce et c’est Mathias Mlekuz qui joue le rôle masculin. Du côté de la télévision, on commence à me rappeler après le long silence qui a suivi la parution de mon livre « L’ amour dans le sang », en 2005. Peut-être que les gens du métier avaient besoin de savoir que j’étais en forme, 6 ans après, pour me proposer de nouveaux rôles... Pour l’instant, il n’y a pas de choses qui m’aient vraiment intéressée mais j’avoue que tourner me manque vraiment.
KM : Dans votre vie d’artiste, il y a eu le cinéma, la télévision, le théâtre, l’écriture... et la musique, ça vous a tenté ? CV : Ça fait partie des choses que j’aurais aimé faire et depuis longtemps. J’ai rencontré dans une soirée un producteur d’une grande maison de disque qui m’a affirmé que lorsqu’on n’avait pas fait une carrière avant 30 ans, c’était fini. Mais, je n’ai pas la prétention de faire carrière de chanteuse à 43 ans. Ce qui me tente c’est d’enregistrer un album pop ou un duo juste pour le plaisir. Je sais que c’est compliqué. Il suffit peut-être d’une belle rencontre artisitique. Si cela se présente, pourquoi ne pas vivre une jolie expérience musicale ? En tous cas, aujourd’hui, je suis prête à la tenter. J’ai vécu dix années très difficiles où je n’avais envie de rien. À présent, c’est différent, j’ai confiance en l’avenir. Tout est ouvert, nous verrons bien ce qu’il me réserve.
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