Le collège Simone Veil et le lycée Henri Avril de Lamballe s’inscrivent dans une démarche E3D. Entendez : établissement en démarche de développement durable. Isabelle Beltran professeure en classe SEGPA, section d’enseignement général et professionnel adapté, au collège et Anne-Elisabeth Le Flem, professeure de section Européenne au lycée,
se sont emparées de cette démarche pour impliquer leurs élèves dans des projets d’Economie Sociale et Solidaire.
Les confinements n’ont pas amoindri la volonté des élèves ni celle de leurs professeurs. Au collège Simone Veil, les jeunes ont poursuivi la création d’un jardin sur un terrain en friche entamée l’an dernier. Les 6e avaient réalisé quelques plantations grâce à la rencontre et aux conseils des bénévoles des jardins partagés de Lamballe. « Cet hiver, raconte Isabelle, les 5e ont été initiés à la permaculture. Nous avons réalisé des lasagnes dans le jardin. Ce dispositif prenait en compte l’une de nos contraintes : assurer une récolte même si personne n’arrose pendant les mois d’été».
Le jardin a été inauguré fin mars. Début mai, les élèves ont effectué des semis, toujours guidés par les jardiniers bénévoles. Au lycée Henri Avril, les Secondes de la section Europe ont commencé par une découverte des modes de consommation différents. « Sans parler dans un premier temps d’Economie Sociale et Solidaire, nous avons visité la Ressourcerie, participé au festival Alimenterre, visité le centre de tri des déchets Kerval... Ensuite nous avons demandé aux élèves des idées de projets à mettre en place au sein du lycée ».
Leur choix : aménager le parc du lycée et le rendre plus agréable pour leurs camarades. Les élèves sont à nouveau sortis de leur classe pour s’initier à la vannerie, au mobilier recyclé avec des palettes, créér des nichoirs, fabriquer des sacs à vrac, des lingettes démaquillantes dans un atelier zéro déchets...
Faire ensemble.
Ces expérimentations ont familiarisé les élèves au faire ensemble. « Ils se sont fédérés autour d’un projet dans une démarche active, ont mené des réflexions et pris des décisions en commun, explique Anne-Elisabeth. Pour nous enseignants, c’était une première expérience, nous n’avions pas dessiné le projet à l’avance. Nous l’avons laissé émerger puis nous avons accompagné les élèves».
Le retour est identique au collège, en témoigne Isabelle : « À leur âge, ils sont encore éloignés de la notion d’ESS. Cependant, cette démarche les a rendus plus attentifs à leur environnement. Ils partagent un projet autour de valeurs, cela met du sens dans le travail. Ils expérimentent qu’il est possible de s’épanouir en travaillant.
Trois élèves étaient ambassadeurs du projet, ils l’ont présenté à plusieurs reprises. Ils sortent ainsi de la bulle de difficulté sociale qu’ils vivent, sont valorisés, améliorent leur estime d’eux. Des atouts qu’ils peuvent ensuite valoriser en stage ». Les deux enseignantes constatent que « les élèves ont tous joué le jeu ». À Henri Avril « la cohésion du groupe et les activités manuelles revenaient chaque fois dans les points positifs. Ils aiment étudier et faire ».
sortir de la classe.
Habituée de la pédagogie de projet dans la section Europe, Anne-Elisabeth aime bien sortir de sa classe d’Espagnol et découvrir de nouvelles choses. C’est pourquoi elle a suivi une journée de formation à la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire puis s’est rapprochée du Pôle d’Economie Sociale et Solidaire du Pays de Saint-Brieuc.
Dans le dispositif « Mon ESS à l’Ecole », les élèves découvrent et vivent les pratiques et valeurs de l’ESS. Ils peuvent mener un projet entrepreneurial, collectif et d’utilité sociale dont la vocation est de responsabiliser les jeunes en faisant d’eux des acteurs à part entière. « C’est une démarche active, poursuit-elle. Nous rencontrons des partenaires, nous travaillons avec des collègues. Ça dynamise, ça remet en question ».
LA TRANSFORMATION SOCIALE PASSE PAR L'ÉDUCATION
Patrice Hénaff, directeur de Rich’ESS
pôle d’Economie Sociale et Solidaire du Pays de Saint-Brieuc
« Rich’ESS accompagne le collège Simone Veil et le lycée Henri Avril dans Le cadre du dispositif «Mon ESS à l’Ecole», en guidant la réflexion et la mise en place des actions. Cela va de la découverte du monde de l’ESS à l’organisation de la gouvernance dans le projet. Le monde actuel impose des défis environnementaux et sociaux qui font émerger de nouvelles solutions empreintes de valeurs humaines, de développement durable, d’égalité... Les collégiens et lycéens d’aujourd’hui seront les acteurs de l’économie de demain. Ces deux expérimentations démontrent l’intérêt de «Mon ESS à l’école» en terme d’inclusion sociale et de prévention de l’épuisement des ressources naturelles. Et ils ont pu les mettre en oeuvre. L’éducation est le premier levier de la transformation sociale et sociétale. Autant de graines de semées pour demain ».
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