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Photo du rédacteurKatell Magazine

L’INVITÉE - Solenn Mell

Un élan pro et perso



La briochine Solenn Mell a trouvé, suite à une mission à Madagascar, un sens à son projet professionnel et compris l’importance de l’instant présent pour se dessiner « une vie pétillante ». Rencontre.

par Marie-Laure RC


J’ai trouvé ma place ». À 23 ans, Solenn vient d’être engagée au Resia (réseau solidarités in-

ternationales Armor) comme animatrice. « C’est tombé du ciel ! », sourit-elle. La jeune femme a passé une année 2023 à voyager. Madagascar pour un voyage humanitaire suivi d’un road-trip dans les pays de l’Est. « Grâce à ces voyages, au contact de ce patchwork de cultures, je n’ai plus peur de me lancer dans quelque chose ». Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Avant son service civique à Madagascar avec l’association La voie de l’humanité, en novembre 2021, Solenn avait peu confiance en elle. « De mon adolescence difficile, j’avais nourri une peur de vivre. Je me demandais ce qui allait encore m’arriver, je voyais les obstacles comme des montagnes que je n’arriverais pas à franchir. Je n’avais pas non plus confiance en l’humain, j’étais beaucoup dans le contrôle, je marchais toujours sur des œufs ». Pour son premier voyage, elle prend la direction de l’Espagne et du Portugal avec une copine. « Un voyage autonome, suite à une crise existentielle de jeune adulte qui pense que l’herbe est plus verte ailleurs ». Elle y fait une découverte : « On a rencontré tellement de bienveillance que ma vision de l’existence a changé. Cela m’a motivée à croire en la vie et en l’humain, à délester un peu mes angoisses du futur, à profiter de l’instant présent ».


Coup de fil déterminant

Engagée dans un cursus pour devenir pâtissière « pour donner du bonheur aux gens », un problème de santé lui impose une reconversion. « J’ai fait du soutien scolaire avec des enfants et ça m’a plu ». Puis il y a eu un coup de fil déterminant. « Paul, de l’association La voie de l’Humanité me propose de partir en service civique à Madagascar. Trois mois en brousse pour faire de l’animation et sensibiliser à la langue française. Ça a été une révélation. Tant pour les voyages que pour une orientation professionnelle. J’étais confortée dans l’idée de travailler dans les échanges interculturels et la solidarité ». Par la suite, elle forme d’autres jeunes au service civique et aux chantiers solidaires pour une nouvelle mission. Un projet qui débute en octobre 2022 suivi d’une préparation de six mois. « Nous devions répondre à une demande sanitaire d’accès à l’eau et de scolarisation des enfants. Construire ce projet de chantier solidaire répondait à mon envie de partager et faire vivre cette ouverture d’esprit que j’avais vécue ». Elle y est retournée en juin 2023 pour construire des latrines, un château d’eau et un puits et créer des animations pour les enfants.


Au jour le jour

L’équipe s’insère dans la vie de la communauté qui l’accueille. « Nous partageons le quotidien

des habitants : faire à manger, la vaisselle, la lessive dans la rivière, aller chercher de l’eau avec le zébu, nous doucher dehors... On se confronte à la nécessité de vivre au jour le jour ». Même si le voyage est préparé, la communication a été compliquée au départ avec la communauté. « Pourquoi des jeunes européens viennent-ils ici ? Ils nous considèrent un

peu en mode colons. Mais, peu à peu, il se sont ouverts à nous, on a beaucoup partagé. Avant de partir, le chef du village nous a remerciés, a souligné le travail important auprès des enfants parce qu’ils adhèrent à ce que permet la scolarisation ».


Nouveau défi

Cette fois, Solenn était accompagnatrice. Un nouveau défi pour la jeune femme : « J’ai dû trouver la bonne distance pour encadrer et accompagner des gens de mon âge. C’est un rôle dans lequel j’étais seule, face à moi-même. Il fallait gérer le budget mais aussi tous les imprévus. Il m’a fallu une semaine, au retour, pour prendre du recul. Ces expériences permettent de relativiser nos conditions de vie, les galères que l’on vit et d’apprendre sur

soi. Et tu changes - ou pas ! ». Deux semaines après, elle enfilait son sac à dos, direction l’Eu-rope de l’Est. Stop, bus, train, bateau, avion... Elle a traversé la Belgique, l’Allemagne, la

Tchéquie et l’Albanie. « On a fait du bivouac, du couchsurfing... cela nous a permis de faire des rencontres – on avait apporté des crêpes et du pâté Hénaff ! - de découvrir des lieux touristiques et aussi de s’octroyer des moments de détente. C’était plutôt sympa. À mon retour, je ne savais pas ce que j’allais faire, je n’avais plus de salaire. Mais j’ai tout lâché, je me suis dit que j’allais vivre ce qu’il y avait à vivre. Et le Resia m’a appelée ».


Rêver c’est important

Le grand projet de Solenn est d’acquérir un camion « pour partir voyager pendant six mois

ou un an en Espagne et au Portugal. Me confronter à moi, toute seule, avant de me confronter à d’autres. J’aimerais faire du woofing pour faire des rencontres. Quand tu es toute seule, il faut toujours que tu te challenges. Ta copine, qui parle mieux anglais que toi, ne vient pas te sauver ! ». Se donner des objectifs, même à court terme, lui permet « de continuer à rêver. Rêver c’est important, c’est ce qui donne envie de se dépasser ». Sa mission au Resia lui donnera l’assise financière nécessaire. « Se donner les moyens de ses rêves, c’est savoir voir et saisir des opportunités. Et, pour cela, il faut être ouvert ». Dans ses rêves, il y aussi le tour de l’Amérique latine : « mais je ne me mets pas la pression, si j’en ai vraiment envie, je le ferai et je réunirai toutes les conditions : bien préparer les pays traversés,

le budget et une compagne ou un compagnon de voyage ». En parallèle, elle se lancera dans une formation d’éducatrice spécialisée. « J’ai envie d’aider les gens à sortir de la vision de la vie dans laquelle ils sont, qu’ils acceptent d’être aidés, qu’ils apprennent à recevoir ». Faire ce qu’elle aime pour s’épanouir. « Et que ma vie soit un voyage perpétuel dans lequel j’ajoute des ingrédients pour lui donner du pétillant »...

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