Stéphanie Le Sann, créatrice de prêt-à-porter, est installée près du Port du Légué. C’est là que voient le jour les collections signées La Commode de Pao. Des vêtements porteurs d’histoire nés de sa connexion avec des étoffes destinées à la poubelle. Une mode circulaire et éco-responsable.
Quand nous nous sommes rencontrées l’hiver dernier, Stéphanie démarrait son activité. Une autoentreprise pour créer une ligne de prêt-à-porter pour femme. Avec une particularité : utiliser des tissus destinés au rebut. A l’heure où l’industrie textile est montrée du doigt comme la plus polluante au monde, à l’heure où la production française reprend de ses tri couleurs, à l’heure où l’upcycling donne du sens à la consommation... la créativité de Stéphanie a trouvé son cercle vertueux. Si les Côtes d’Armor sont déjà riches de créatrices.eurs, elle ajoute à ce paysage de talents une mode circulaire et éco-responsable. Neuf mois et un confinement plus tard, la quarantenaire tourne les pages de son agenda où il est difficile de trouver un créneau. Elle sort tout juste de son dernier défilé dans le cadre du marché de créateurs aux Rosaires « dans l’esprit femme entrepreneure et femme du quotidien avec des femmes de tous les jours pour défiler».
Sécurité et apaisement. Des ventes éphémères à Roscoff, entrée à la boutique l’Atelier Saint-Quay et chez Les Zouz à Brest, un shooting de mariage au château de Kergrist, un corner chez Leclerc Plérin, des summer shops dans son atelier et une collaboration avec l’influenceuse locale Raspberry Cherry... la transformation est spectaculaire. « Je n’en reviens pas, souffle-t-elle. Au moment du confinement, je pensais que je ne passerais pas le cap. Je n’avais tellement plus rien à perdre que j’ai pris le temps de refaire des basics. Je les ai postés sur les réseaux et j’ai pu mesurer l’intérêt des gens ». Elle a aussi optimisé cette période par un accompagnement avec deux entrepreneurs bénévoles. « Cela m’apporte une sécurité et un apaisement. Le fait que l’on croit en moi et en mon projet, je m’autorise à voir plus grand et plus loin. J’ose ! Aujourd’hui je chemine vers le développement de ma marque, déléguer une partie de ma fabrication mais aussi aller vers la formation et l’enseignement ». Prochaine étape pour l’entrepreneure : réfléchir sur son statut juridique et le sens de son entreprise, monter un dossier de financement pour projeter son activité dans le futur.
Récup et mode de luxe. Dans son atelier près du port du Légué, elle remonte le fil de l’histoire. « Quand papi faisait de la cuisine, il ne jetait rien. Inconsciemment, je suis là-dedans ». Une âme de commerçante, la Finistérienne commence sa vie professionnelle dans l’ameublement. Elle rencontre son conjoint et le suit dans le Pays Basque. « Le tissu c’est son univers. J’apprends beaucoup par son intermédiaire et celui de sa grand-mère, couturière et commerçante : les matières, les coupes, les vêtements, le toucher, le confort. Tout un référentiel. Je découvre que j’aime les vêtements mais que j’ignore pourquoi. J’apprends aussi l’élégance par la simplicité ». La vie dans le Sud-Ouest est une période sans emploi pendant laquelle Stéphanie va développer sa créativité et suivre une formation de décorateur-merchandiser. « Ma mère me donne des vêtements, je me les réapproprie, je leur écris une nouvelle histoire ». Dans sa formation, elle découvre le dessin, l’association des couleurs, étudie des artistes. « J’ai mes secret spots à Biarritz : Emmaüs où les gens se débarrassent de belles pièces, j’y trouve des trésors ! Et, Kikiritz qui chine, revalorise, fait des flocages... En parallèle je travaille aux Galeries Lafayette dans des marques de luxe. Je me nourris de tout ça ».
Retour en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est embauchée par des enseignes internationales de fast-fashion comme visuel merchandiser. Pendant son second congé maternité, elle réalise un bilan de compétences « pour comprendre ma relation au travail. Et, au même moment je me mets à la couture, je prends des cours avec Lyson Courtabesserie. « Elle m’apprend à faire un ourlet. Je réalise un sac dans un t-shirt. Ça ne va pas assez vite, je veux faire des vêtements ! ». Elle reçoit un don de vêtements et de tissus. « Je découpe, je taille, je fais des robes, des pantalons... Plus je suis là-dedans, plus la créativité sort. Le côté architecture me plaît, c’est comme si j’avais fait ça toute ma vie. En parallèle, c’est une période où je découds mon parcours pour en tisser un autre ». Elle hésite encore : elle opterait bien pour la comptabilité mais le côté artistique, le côté architecture, le contact avec la clientèle de la couture sont plus forts. « Je me décide pour couturière. Mais c’est un métier, donc je retourne à l’école et en stage ». Diplôme en poche, elle aménage son garage en atelier. Elle crée La Commode de Pao, ligne de mode éco-responsable. Dans son lancement, elle reçoit le coup de main d’Anne-Laure du Cocon d’Erell à Saint-Brieuc, qui met la jupe « Maëlys » en magasin. « Une chance, les clientes veulent venir voir l’atelier. Cela me permet d’expliquer ma démarche ». Dons spontanés, vide-maisons, fonds de rouleaux des magasins sont autant de trésors pour la jeune femme. « C’est la matière qui me dicte la façon dont je l’utilise. Ma mission est de donner une seconde vie à ces tissus, de créer des vêtements porteurs d’histoire. En créant, j’écris une suite à l’histoire, empreinte de mon univers créatif et du respect de la nature qui nous entoure. Il y a une connexion».
www.lacommodedepao.fr
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Boutique : 66 Rue du Vieux Moulin, Plérin
Ouvert le mercredi de 13h30 à 18h
le vendredi de 12h à 17h30
Nocturne le premier vendredi du mois jusqu’à 20h
« Mon shoot d’adrénaline :
l’admiration dans les yeux de mon mari lors du premier défilé en 2019 au Portland »
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