Le vêtement prêt-à-consommer
De la confection manuelle et individuelle durant des siècles, nous sommes passés en quelques décennies à une production et consommation de masse de vêtements. Cette industrialisation de la couture est portée par un mot : le prêt-à-porter. Aujourd’hui banal, il fut une révolution.
Tout commence par le besoin de se vêtir. Pour avoir chaud, se protéger, parader. Au fil du temps, l’humain perfectionne son talent pour la couture. Pendant des millénaires, le vêtement se fait sur-mesure. Les plus raffinés deviennent l’apanage des riches et des puissants. Tout un savoir-faire se développe. Au XIXe siècle, la Révolution industrielle change la donne avec l’arrivée des premiers métiers à tisser mécaniques. Les innovations techniques et technologiques bousculent les habitudes. La productivité accrue dans la fabrique des tissus comme le coton amène à un début de standardisation des vêtements. Ce sont d’abord les habits masculins qui s’y collent. La variété des formes, des couleurs et des matières des vêtements féminins retardent leur standardisation.
À la fin du siècle, les grands magasins proposent enfin des vêtements de confection à grande échelle vendus à prix fixe pour tout le monde. Au même moment, l’invention de la Haute Couture inverse le rapport entre le couturier et la cliente. Jusque-là, simple exécuteur, il propose désormais, des modèles en fonction des saisons que chaque cliente peut adapter par la suite.
Avec la Première Guerre mondiale, une simplification des tailles est mise en place pour fournir les militaires en habits. La diminution croissante des coûts du transport, du nombre d’heures travaillées par vêtement et du prix des matières premières accélère encore le mouvement. Cependant, il faudra attendre la Seconde Guerre mondiale pour voir arriver le prêt-à-porter tel que nous le connaissons. Une créatrice américaine en est le fer de lance : Claire McCardell. Elle va imposer le sportswear et la standardisation des vêtements produits en série.
En France, le prêt-à-porter s’installe doucement. Il apparaît timidement à la fin des années 40. Mais une décennie plus tard il finit par s’imposer. D’abord réticentes, les grandes maisons de couture s’y convertissent... pour survivre. En 1966, Yves Saint Laurent bouscule le Tout-Paris, en ouvrantsa boutique de prêt-à-porter. Trente ans plus tard, il le fera à nouveau en étant le premier grand couturier à s’associer à une enseigne par correspondance : la Redoute, pour créer une collection spécifique dite « capsule ». Ce type de collaboration entre marques de prêt-à-porter et grands couturiers explosera la décennie suivante.
Le marché du vêtement explose depuis les années 80. La réduction des coûts et la mon- dialisation entraînent une frénésie de consommation. Toujours plus, plus vite et surtout moins cher ! Cela aboutit dans les années 90 à la Fast Fashion. Dépassé par sa résonance économique, se vêtir ne remplit plus sa fonction de besoin. En 2019, cent milliards de vête- ments sont achetés chaque année dans le monde. En parallèle quatre millions de tonnes de textile sont jetés rien qu’en Europe, par an. Le prêt-à-porter s’est transformé en monstre, en devenant la deuxième industrie la plus polluante au monde après celle du pétrole.
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