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Photo du rédacteurKatell Magazine

LA PETITE HISTOIRE... avec Laëtitia

Taille belle gorge haute



Le corset maintient le corps et les âmes. Il ordonne une implacable verticalité. Et, pour celle qui le porte, il empêche de se plier et encore plus de se pencher. Il est la représentation d’une idéalisation du corps féminin.


Pour avoir porté un véritable corset pour un film, Carole Bouquet en eut le souffle coupé. Elle se demanda alors comment ces femmes pouvaient-elles penser à autre chose qu’à respirer ?

Tout commence véritablement au XVIe siècle avec une mode venue d’Espagne : le corps piqué. Pièce de vêtement rigide qui couvre le buste, il impose un maintien imposant, une stature sociale : l’appartenance à une élite. Au fil du temps, ce corps piqué évolue.


Au XVIIe, il devient corsage baleiné. Il sert alors à exercer une pression sur la taille pour l’affiner et hisser la poitrine. Il s’adapte même aux femmes enceintes, pour l’allaitement, pour

monter à cheval... Il faut savoir se tenir droite et maîtriser l’art du maintien aristocratique. Mais

cela ne va pas sans dommage, déjà, des médecins alertent sur la déformation des corps que son port produit. Les enfants ne sont pas épargnés ! Au XVIIIe siècle, la médecine considère leur corps comme mou et fragile. Il faut donc le renforcer, le redresser. Dès leur plus jeune âge, filles et garçons portent déjà des corps à baleines.


En 1806, le corset baleiné, qui couvre désormais les hanches, fait son apparition. Plus les dé-

cennies passent plus la taille se fait étroite. Beaucoup de médecins s’en inquiètent quand d’autres en vantent les mérites. À la fin du XIXe siècle, l’invention du corset dit « droit devant »

donne naissance à la silhouette en « S » si caractéristique de la « Belle Époque ». Cette mode

n’épargne pas les petites filles qui, dès dix ans, doivent porter un corset pour affiner leur taille.


Après la Première Guerre mondiale, la mode des années 20 impose une silhouette longiligne

et libre. Pourtant, le corset n’a pas disparu. Les évolutions techniques, notamment au niveau

de l’élasticité des matières, lui donnent un nouveau nom : la gaine.


Au début des années 50, le corset semble s’être envolé. Pourtant, Christian Dior, avec son

New Look, remet au goût du jour une silhouette contrôlée et contrainte. Taille marquée, hanches épanouies, la femme idéalisée reprend sa place. Mais le corset a fait son temps. Rochas invente alors : la guêpière, qui combine le soutien-gorge, le bustier et la gaine. Cependant, plus les femmes prennent de l’assurance en société, plus ces carcans deviennent obsolètes.


Les années 60 et 70 imposent la liberté des corps. Mais la femme corsetée fait sa réapparition dans les années 80 et 90. Jean-Paul Gaultier, en 1983, présente sa première robe corset. Vivienne Westwood et Christian Lacroix revisitent, eux, la mode du XVIIIe et du XIXe siècle et sa silhouette idéalisée. De même pour Thierry Mugler, chez qui la femme corsetée est érotisée et fétichisée, et d’autres couturiers, les décennies suivantes.


Il est amusant de constater que les couturiers qui aiment cette silhouette sont des hommes.

Parce que, ne nous leurrons pas, rigidifier le corps des femmes, c’est les empêcher de se mouvoir, de penser, de réfléchir, d’agir. Joli objet que l’on présente tel un trophée. La torture comme symbole de beauté.


L’histoire continue sur Instagram /

La Collectionographe

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