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  • Photo du rédacteurKatell Magazine

LE CHEF D’ENTREPRISE - Hervé Godard


La RSE avant l’heure

Parti d’une entreprise familiale, Hervé Godard dirige aujourd’hui le groupe éponyme. 50 employés, 8 M€ de chiffre d’affaires et un faible turn-over dans les équipes. Son secret : l’humain.

par Marie-Laure Ribault-Charles


« C’est comme dans une équipe de foot : s’il y a un manager, sur le terrain, ce sont les joueurs qui ont le ballon, le succès repose sur eux ». Dans le groupe Godard, le manager c’est Hervé et son secret, c’est le briefing. Tous les matins et tous les midis « cinq à dix minutes pour se passer des infos, savoir si on est sous pression ou pas. Tout le monde est au courant du niveau d’activité, a conscience du travail qui l’attend ». Ce temps est aussi propice aux mises au point si nécessaire. « Comme ça, personne ne ressasse, on passe à autre chose. Le tout, avec un peu d’humour, pour créer une alchimie propice à une bonne ambiance ». Depuis toujours, le dirigeant prône le manage- ment horizontal dont la confiance est un pilier. « Chez nous, il n’y a pas de chef. Chacun connaît sa responsabilité dans l’entreprise et chacun peut donner son avis. Les collaborateurs sont associés aux prises de décisions, il n’y a pas de problème de hiérarchie ». Dans le groupe Godard, tout le monde se tutoie, les salariés ont tous le numéro du portable d’Hervé. « Le relationnel est fort, ils savent que je suis là pour eux. C’est arrivé que je ne réussisse pas à intégrer une personne, qu’on ne parvienne pas à s’entendre. Dans ce cas, ça me prend aux tripes ».

Le collectif Le Groupe Godard, c’est, aujourd’hui quatre sites as- surant l’entretien, la réparation et la carrosserie de poids lourds, utilitaires et camping-cars. Près de 50 salariés, 8 M€ de chiffre d’affaires et un indicateur positif : l’entreprise connaît peu de turn-over dans ses équipes. « Dans cette configuration, j’aspire à faire prospérer l’entreprise, développer son chiffre d’affaires tout en créant de l’autonomie dans les équipes pour que chacun soit dans une démarche d’amélioration continue, sans que j’intervienne. Ils savent d’où l’on vient. En créant le lien, des moments nécessaires pour la réflexion, l’échange, l’évolution, ça peut marcher. Parce qu’ils sont au- tonomes et responsables, ils pourront partager les responsabilités et prendre des décisions, collectivement, sans moi ». Hervé vise les 10 M€ de CA dans deux ans.

Cohésion d’équipe Cette fibre sociale, Hervé l’intellectualise dans son premier emploi. « À 26 ans, j’ai quitté l’entreprise familiale pour une autre. Je suis entré par la petite porte, puis je suis devenu chef d’atelier pour, finalement, gérer plusieurs garages ». Et, donc, des équipes. Sa capacité d’écoute, son sens du partage de l’information et de la transmission des données amènent naturellement de la cohésion d’équipe. « J’ai pris conscience que j’arrivais à m’entourer de personnes motivées, qui avaient envie de bosser mais aussi de faire face aux problèmes et j’ai compris que c’était une force. Cela m’a apporté de la confiance et m’a facilité les choses ». À 32 ans, il décide de reprendre le garage de son père, avec son propre projet de développement : « Modifier l’entreprise, créer une dynamique, chercher du nouveau personnel et de nouveaux clients ». Il démarre avec trois mécaniciens et une secrétaire.

Impact positif Le concept de responsabilité sociétale des entre- prises (RSE) n’existait pas encore qu’Hervé en faisait déjà son quotidien : avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable. Le recyclage des déchets, les économies de produits, la formation des salariés, leur implication dans les décisions, l’insertion de personnes éloignées de l’emploi... sont des préoccupations de long terme.


Il y a sept ans, une question lui « tord l’esprit » : « Qu’est-ce que je peux faire de mieux ? ». Il opte pour un accompagnement externe sur les questions de RSE : « Je me suis ouvert plus encore sur divers sujets comme l’environnement, l’aspect sociétal d’une entreprise, la responsabilité. J’ai encore mieux compris ma fonction de chef d’entreprise, ce qui m’a permis de franchir un palier et développer encore plus les affaires ». L’intégration de deux établissements supplémentaires a supposé ensuite une réorganisation du groupe : « Assurer la transversalité dans les activités en conservant l’esprit familial ». Hervé a cherché à « s’élever encore un peu plus dans la gestion de l’organisation humaine. Identifier là où nous n’étions pas très bons, travailler et mesurer notre progression ». Des remises en question salvatrices dans des moments économiques difficiles : « On ressent la solidité des équipes et le respect des clients qui restent fidèles à l’entreprise ».

Savoir être et savoir-faire Si son défi aujourd’hui est « d’accueillir la jeune génération » avec ses nouveaux critères d’implication dans l’emploi, le groupe Godard intègre aussi des personnes fragilisées par la vie, avec le soutien des équipes. « Certaines, nous les avons récupérées à la petite cuillère. Les voir s’épanouir, c’est une belle satisfaction ». Car, pour Hervé, il y a savoir être et savoir-faire. « Si un salarié rencontre un problème, notre responsabilité est de ne pas le lâcher, pour qu’il poursuive malgré tout son évolution dans l’entreprise ». En 2002, il recrute une première personne en situation de handicap. « Nous lui avons appris le métier de magasinier. Il est toujours avec nous. Il a gagné en autonomie et nous l’avons encouragé à progresser tant dans le domaine professionnel que personnel ». Le handicap est une cause chère au dirigeant. Rentré au conseil d’administration de l’association Ohé Prométhée (Cap Emploi), il y a quinze ans, il en est aujourd’hui le président. « Papa d’un enfant handicapé, j’ai toutes les bonnes raisons de m’y investir. Nous devons faire en sorte que Cap Emploi assure au mieux sa mission auprès des personnes en situation de handicap et accompagne les entreprises qui les accueillent. Il y a de la positivité, de la confiance... et ça marche ! ». CQFD.

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