Patrice tricote le métal
C’est dans son garage automobile que Patrice Jéhan, mécanicien auto, travaille la
matière : des pièces métalliques, recyclées des véhicules. Artiste reconnu, cet alchimiste au caractère bien trempé réalise des créations originales, insolites et surprenantes.
Découverte.
Par Marie Lambrinos
Dans son antre de Bréhand, véritable caverne d’Ali Baba, Patrice Jéhan, 57 ans, dispose ses créations qui s’entrelacent avec les outils du garagiste, entre l’établi et le pont, les voitures, les pneus et autres bidons. « Je stocke ici car c’est dans mon atelier que je trouve l’inspiration. Actuellement, je termine une table de salon design métal à l’esprit mer avec des poissons, l’un sur le plateau et huit autres en guise de pieds. Il s’agit d’une commande pour une cliente qui habite le Sud de la France », indique Patrice.
Artiste autodidacte
De formation menuisier-ébéniste, Patrice a enchaîné sur un CAP cycles et motocycles à
Loudéac. Après plusieurs expériences dans divers garages, il se met à son compte il y a plus de vingt ans. Sans aucune formation en art et en parfait autodidacte, il se découvre une passion pour la création artistique en 2008. « Je m’amusais à souder « des trucs », souvent avec des formes d’animaux à partir de pièces recyclées de mes voitures en réparation. Et puis un jour, un ami m’apporte un exemple de personnage, un potier, à réaliser en métal. Il l’a exposé dans une galerie d’art à Paris. Ma nouvelle vie de créateur est née à ce moment-là, j’ai commencé à me faire connaître ». Depuis plus de quinze ans, ses objets de décoration, design, rencontrent un certain succès. Ses sculptures en métal sont présentées dans son show-room atypique : son atelier. « Je suis toujours surpris de voir débarquer des personnes qui viennent découvrir mes réalisations suite à des articles dans la presse ou parle bouche à oreille. Je suis plus garagiste que sculpteur au départ, c’est la mécanique qui me fait manger, pas la sculpture ».
Je tricote la matière
On trouve dans son hangar, un bouquet de roses à tiges de métal, un crabe réalisé avec des mâchoires et des plaquettes de freins, la « fée-raille» confectionnée avec des chaînes de
tronçonneuse et de machine à betteraves. L’alliance des matières et matériaux semble improbable et pourtant elle donne un résultat bluffant. « Ce sont les mains qui décident de la forme de la pièce, pas mon cerveau. Cela va déclencher en moi une idée, ensuite je tricote
la matière d’une manière épurée. Je ne jette rien, c’est mon défaut, je récupère tout, je sais
que ça me servira un jour ». Cet artiste du métal et de la forge a une imagination foisonnante. Ses pièces sont toujours exposées à Paris et voyagent en Angleterre, en Espagne et dans le Sud de la France. « J’ai des bébés un peu partout ». En outre, l’artiste organise, avec d’autres passionnés du métal, à Lamballe, le festival « les soudeurs du soir » qui mêle art et soudure. L’occasion de montrer – ou d’aller admirer - tout son talent, les 7 et 8 octobre prochains.
Facebook/Patrice Jéhan
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