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Photo du rédacteurKatell Magazine

Amañ // Florence Gallon :

Dernière mise à jour : 30 avr. 2020

"Six mois intenses et un projet abouti"

La recyclerie « Seconde Nature » de Florence Gallon verra le jour en mars 2021. Pour faire grandir l’idée née il y a dix ans, elle a procédé par étapes : une définition en idéateur TAg22, une maturation en formation CREOPSS et un lancement grâce à une année en incubateur TAg22. Le tout en conservant son emploi. Retour d’expérience.

« Si je devais donner un conseil, je dirais qu’il faut se faire accompagner dans son projet d’entreprise. On a beau avoir des connaissances et des compétences, on a toujours à apprendre ». Florence est fière de ses tout premiers flyers et de la première recyclerie éphémère prévue le 6 juin à Binic. Elle raconte son histoire entre deux bouchées de sandwich, sur sa pause déjeuner. A 13h20, il faut qu’elle retourne au boulot. « Seconde Nature ouvrira officiellement en mars l’année prochaine mais je quitte mon emploi salarié fin septembre ». La concrétisation de ce qu’elle appelle un « rêve » aura pris dix ans. Elle a 40 ans, travaille comme « menuisière » quand un accident de travail la cloue au lit pendant un an et demi. « Je me suis posé la question de l’emploi des personnes qui, comme moi, étaient « fracassées par la vie ». En discutant avec une amie est née l’idée de créer un atelier adapté qui permettrait une réutilisation des déchets. Je suis allée en apprentissage chez Emmaüs ». Elle reprend un emploi, son projet toujours dans un coin de la tête. Un appel à projet de l’agglomération relance la machine : elle y répond mais ne fait pas partie des lauréats. Au même moment elle identifie Rich’ESS et décide d’en pousser la porte en février 2018.


« Je leur explique que j'ai un projet de recycleriez mais que je ne sais pas comment m'y prendre » 

De l’idée à l’entreprise. « Je leur explique que j’ai un projet de recyclerie mais que je ne sais pas comment m’y prendre ». Elle intègre l’Idéateur du TAg22, qu’elle suit en posant des jours de congés. « Dans cette première étape, je transforme mon idée en projet, je positionne la recyclerie sur le territoire, j’analyse son environnement. Je me rends compte qu’une entreprise avec des valeurs humaines et une efficacité économique, c’est possible, alors que jusque-là, ceux que je rencontrais soutenaient le contraire ». Cette année sera pour elle une montée en compétences et apportera une légitimité au projet. « J’acquiers aussi une capacité personnelle à faire bouger les lignes, m’adapter aux autres dans un projet collectif ». Elle reprend son emploi, bien décidée quand même à faire progresser encore son idée : « le projet venait d’avancer, je ne me sentais pas capable de continuer seule en parallèle de mon boulot ». Dans la suite logique de l’idéateur, elle ambitionne de suivre la formation du CREOPSS. Six mois à temps plein, qu’elle fait financer au titre de la formation par son employeur. « C’était génial ! Je savais que j’aimais travailler en collectif, ça n’a fait que le confirmer. C’était un moment fabuleux ». Pendant une demi-année, Florence vit un brainstorming permanent : un programme composé d’éthique, de gouvernance, de territoire, d’offre de service, de marché et filière, d’organisation de l’entreprise. « A la fin de la formation, les contours du projet étaient bien définis avec plusieurs hypothèses financières. C’était la seule chose qui restait à affiner ». Elle passe alors à la dernière phase : toujours en parallèle de sa vie active, retour au TAg22, dans l’incubateur. « L’entonnoir s’affine de plus en plus, c’est la mise en pratique. Des connaissances supplémentaires complètent les compétences acquises. Je vérifie les hypothèses formulées dans le CREOPSS avec une étude de marché sur le site qui m’intéresse ».


"Sur notre territoire, les acteurs ne sont pas suffisamment nombreux par rapport aux ressources à gérer"


Collecter, valoriser, métamorphoser, sensibiliser. Florence a programmé des recycleries éphémères d’octobre 2020 à février 2021, avant d’ouvrir Second Souffle en mars suivant. Son projet répond à la loi de transition énergétique et au Plan Climat Air Energie du territoire. Il assure la collecte et valorise les biens du quotidien revendus à faible coût, métamorphose des objets destinés à l’enfouissement ou aux encombrants, sensibilise aux gestes éco-citoyens et à l’environnement. « Le tout offrant un emploi pérenne et en mettant en avant les talents de personnes « fracassées par la vie ». L’étiquetage des produits métamorphosés est prévu dans ce sens ». Le premier site s’installera dans le quartier des Villages à Saint-Brieuc, un second est prévu sur le Sud-Goëlo. « La rentabilité des recycleries n’est plus à prouver. Sur notre territoire, les acteurs ne sont pas suffisamment nombreux par rapport aux ressources à gérer ». L’association de préfiguration créée en 2019 pourrait, à terme, évoluer en SCIC, société coopérative d’intérêt collectif.




 

Patrice Hénaff,

Directeur de Rich’ESS et du TAg22


Innover socialement c’est créer des outils de montée en compétences, d’émancipation professionnelle et personnelle.

« La question des parcours des créateurs d’entreprises est inhérente à la problématique de l’innovation sociale. Nous nous devons de construire des outils de précision qui permettent de faire émerger et accompagner le développement de projets professionnels engagés sur leur territoire. L’accompagnement proposé par le TAg22, et la formation créateurs - repreneurs d’entreprises portée par Kéjal, le centre de formation de Dinan, font émerger des singularités, donnent au porteur de projet la capacité d’être acteur de son parcours pour qu’il bénéficie autant d’une montée en compétences que d’une émancipation personnelle et professionnelle. Les structures de l’ESS et de l’innovation sociale sont aujourd’hui les seules à proposer cette double approche dans les parcours des créateurs d’entreprises ».

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