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LES HÔTES / Marie-Laure Ribault et Anne-Sophie Matrat

  • Photo du rédacteur: Katell Magazine
    Katell Magazine
  • il y a 1 jour
  • 4 min de lecture
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Marie-Laure Ribault-Charles a tenu la barre de ce magazine pendant douze années. Cet automne, elle décide de partir vivre de nouvelles aventures et de confier son magazine à Anne-Sophie Matrat. Les deux femmes expliquent comment chacune vit son nouveau challenge.


Marie-Laure

Je gère des publications depuis que je suis journaliste. Près de 30 ans rythmés par des bouclages, de mensuels d’abord, puis de trimestriels avec Katell&Marcel. Quand un numéro part chez l’imprimeur, le suivant est déjà en route. Il y en a toujours un sur le feu et j’adore ça, c’est rythmé, bouillonnant, empli de rencontres avec un pic d’adrénaline au moment du bouclage. Tout s’accélère, il faut avoir l’œil partout. Puis le moment libératoire : l’envoi chez l’imprimeur. Chaque numéro est une aventure avec, évidemment, chacun sa dose de stress. Mais, le stress, je gère (enfin je pense) : je fais du sport et je pratique le Seitaï, une discipline japonaise d’ajustement postural et, pour gérer mes tensions, ça n’a pas son pareil ! Les numéros se succèdent, les heures derrière mon écran aussi, toujours avec beaucoup de joie. Je suis dans une grande roue, en perpétuel mouvement, je n’imagine pas une seconde faire autre chose, d’ailleurs l’idée ne m’effleure absolument pas l’esprit. Ce « stress », c’est mon moteur au dépassement de soi, j’aime cette adrénaline d’avant le produit fini ! C’est sans compter sur une « lapalissade » que je retiens lors d’un stage de Seitaï : le corps est capable de gérer une dose de stress mais à trop forte dose, il finit par se manifester. J’ai envie de dire que tout le monde sait ça !

Mon corps a bipé

Et c’est exactement ce que je vis : une tumeur bénigne s’est installée sur mon nerf sciatique au niveau du genou et me « scie » les pattes. Le professeur insiste sur le fait que nous n’avons qu’un corps et qu’il faut en prendre soin. Et re : tout le monde le sait. Un parallèle me vient immédiatement à l’esprit : je fais des bilans de santé de ma voiture plus souvent que pour moi. La voiture, de toute façon, elle se met à biper et c’est tellement énervant que vous n’avez pas d’autre solution que de passer au garage. Mon corps a bipé, je n’ai pas consulté pour autant. Dans la transmission, je suis toujours dans la roue, même si elle tourne un peu moins vite. Je suis conditionnée à monter dans mon bureau, à certains réflexes. Dans mon esprit, des tonnes de post-it se superposent encore.

Apprivoiser le Rien

Jusqu’au jour où je dois envoyer des éléments à Anne-Sophie et qu’il y a un panne de courant. J’essaie de trouver une parade en allumant mon ordinateur portable mais pas d’internet non plus. Ce jour-là, il pleut. Je me retrouve face à du vide. Je n’ai rien à faire. Je me rends compte que je suis totalement démunie et je tourne en rond un moment avant de me décider à prendre un bouquin. Je passe l’après-midi dans le canapé, j’avale la quasi totalité du livre. Au retour de l’électricité, je m’arrête sur le sentiment que j’ai : de l’apaisement. Comme si toute la pression que je pouvais contenir s’était échappée. Je suis descendue de la roue cet après-midi là. Mon aventure désormais va être celle-là : réinventer un rythme de vie où l’activité professionnelle aura quotidiennement un début et une fin. Accepter les temps libres entre les deux. Apprivoiser le vide, le Rien. Apprendre à lâcher prise. Mon voyage en terre inconnue.


Anne-Sophie

Je suis Anne-Sophie, j'ai 36 ans et je suis maman de deux garçons. Je suis ravie de vous raconter mon aventure à moi, celle qui m'a menée jusqu'à Katell&Marcel.

À la fac, je suivais des études de Lettres et le journalisme était mon aventure initiale, celle prévue dans mon cerveau d'adolescente passionnée d'écriture.

Et puis j'ai eu peur que ce métier ne soit pas assez littéraire, moi qui aimais assembler les mots avec liberté et audace.

Alors, après un premier Master de recherche sur la critique d'art du XIXe siècle, je me suis tournée vers un autre Master, en édition (à Rennes). Parce que l'objet livre me fascinait. Le prendre en main, en observer la couverture, en sentir le papier... Aujourd'hui encore, je ne peux pas vivre dans une maison sans livres. Ça m'angoisse. Ils sont, pour moi, l'âme d'un lieu. Son essentiel. J'ai géré une maison d'édition jeunesse durant une dizaine d'années. Éditrice est un métier magique qui permet de jongler entre images et mots avec un plaisir chaque jour renouvelé.

La marmite du journalisme

Et puis, il y a quelques années, j'ai découvert le journalisme lorsqu'un journaliste de presse hebdomadaire locale est venu me proposer d'être correspondante pour son journal. « Parce que tu écris bien », m'a-t-il dit après avoir fait un article sur moi en tant qu'éditrice. Deux ans plus tard, je démarrais des contrats, cette fois en tant que journaliste. Et ce fut une absolue révélation : passer mes journées à rencontrer des gens, tous plus différents les uns des autres... Et à écrire ! J'étais au paradis. À ma place en tous cas.

Et puis un jour, j'ai rêvé d'avoir mon propre magazine. Et n'y faire que des portraits ! J'ai commencé à l'imaginer, le créer, le penser... quand j'ai reçu un appel.

C'était Marie-Laure, que je ne connaissais pas. Elle était rédactrice en chef de Katell&Marcel. Elle souhaitait me parler autour d'un café. 


La rencontre

Nous nous sommes rencontrées au Stamp, près de la gare de Saint-Brieuc. Une gare. Pour un nouveau départ ! Ce jour-là, Marie-Laure souhaitait me proposer la transimission de son magazine. J'ignorais totalement que cette proposition allait m'être faite...

J'ai été surprise et Marie-Laure a été satisfaite que sa demande éveille en moi une étincelle de « oui ».

Mais la vraie surprise était dans la rencontre humaine entre nous, deux femmes qui, ce jour-là, se sont toutes les deux dit :  « Il existe donc un autre énergumène comme moi ? Qui aime autant le journalisme que l'édition, qui préfère l'humain à l'info pure, qui choisit l'aventure plutôt que la peur et qui voue un culte sans pareil à un objet à la fois ancestral et superficiel : la boucle-d'oreille ? ».


rédigé par Marie-Laure RC et Anne-Sophie M / photo : Sita Badohoun



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