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LA CHEFFE D’ENTREPRISE - Anne-Laure Auffret

Agricultrice de mère en fille



Anne-Laure Auffret a ouvert le champ des possibles en faisant fi des contraintes de l’insularité et de sa condition de femme dans le monde agricole. Depuis octobre 2019, elle est à la tête de Lait Bréhatines, l’élevage laitier familial à Bréhat.

Par Marie Lambrinos


Née à Bréhat, Anne-Laure se destinait à une carrière de professeure, mais arrête ses études pour des petits boulots saison- niers dans l’hôtellerie-restauration sur l’île. Quinze ans plus tard, son métier ne la satisfait plus : « J’avais envie d’être à l’extérieur, dans les champs et d’être ma propre patronne ». À ce moment-là, sa mère et ses tantes décident d’arrêter l’ex- ploitation familiale. « C’était, pour moi, l’opportunité de m’installer ».

Projet à succès Son objectif est double : transformer l’intégralité du lait et le vendre sur place. Les vaches sont élevées en plein champ toute l’année, à l’herbe et au foin, profitant du microclimat de l’île aux fleurs. Elle retourne sur les bancs de l’école pour y passer un BPREA (Brevet profes- sionnel de responsable d’exploitation agricole) avec la Chambre d’agriculture durant neuf mois. « Je me suis lancée avant l’âge fatidique des 40 ans, au-delà duquel il n’y a plus d’aides pour les jeunes exploitants ». Anne-Laure ouvre en même temps une cagnotte participative sur internet pour aider au financement de son projet. Ce dernier plaît : il fait perdurer la ferme familiale et vivre l’agriculture sur Bréhat. La cagnotte atteint 12 500 €, auxquels s’ajoutent 30 000 € de dotations. Soit un quart du budget qu’elle s’est fixé pour financer un bâtiment à rénover et le matériel de transformation. « L’exploitation laitière ne nécessite pas de gros investissements contrairement aux autres exploitations agricoles ».


« Le fait d’être une femme n’a pas été un problème

dans la réalisation de mon projet.

J’avais même l’exemple de ma mère et de mes tantes »


36 000 litres de lait Elle s’installe sur les terres fa- miliales, achète un troupeau de sept génisses et une vache jer- siaise. Elles produisent les pre- miers litres de lait en avril 2020. Aujourd’hui, avec un cheptel de onze vaches, la production an- nuelle atteint 36 000 litres. Pour se faciliter la tâche, elle fonc- tionne avec une traite mobile, installée sur une remorque. « Je suis en circuit court pour maîtriser mes tarifs et mes coûts, c’est la clé du succès. Je suis sur la bonne voie pour at- teindre la rentabilité de mon exploitation d’ici deux ans ». La cheffe d’entreprise pro- pose une gamme de produits à base de lait cru : lait, crème, fromages blancs, riz au lait, yaourts, beurre et glaces. Et ses produits sont à la carte des restaurants bréhatins.


facebook.com/lait.brehatines

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