Les bienfaits d’un passage à vide
Créatrice de la marque Maman, mamie et moi, la loudéacienne Carine Boishardy équilibre son équation professionnelle entre sa jeune entreprise et sa vie de musicienne dans un groupe pro. Une nouvelle partition, après dix-huit ans dans la fonction publique et
« quatre ans de vide sidéral ». Histoire d’une renaissance.
Un an qu’elle a créé son activité. Carine, 43 ans, travaille aujourd’hui à trouver le bon équilibre dans son modèle économique. « Entre la création des produits, ma présence dans les boutiques de créateurs et ma participation aux salons spécialisés dans le tissu. Car, en parallèle, je sélectionne et j’achète des tissus pour les proposer sur des salons ». Passionnée d’imprimés, elle a développé plusieurs gammes : des coussins, trousses, tote-bags à message « avec un jeu de mots ou une connotation bretonne », des produits zéro déchet ou des projets à la demande.
« Je ne fais bien que ce que je vis »
Mais sa passion de la composition s’étend jusqu’à la musique. « Jusque-là, ma participation était modeste mais je viens d’intégrer un groupe de musiciens professionnels. Et j’aimerais que la musique et mon activité de créatrice soient complémentaires ». Celle qui a suivi des stages au cours Florent, s’épanouit dans le processus créatif : « Je ne fais bien que ce que je vis. C’est le principe de l’entonnoir : les rencontres avec tous les univers sont inspirantes, j’en garde ce qui est en affinité avec moi pour créer quelque chose qui me ressemble ».
Ouvrir le champ des possibles
Carine le reconnaît et sourit : « En quatre ans, je suis passée d’une vie bien rangée à une vie de bohême ». Une vie de fonctionnaire où la créativité était peu présente. En 2018, un harcèlement au travail l’enfonce dans une dépression. S’ensuivent « quatre ans de vide sidéral où l’estime de soi est mise à mal ». Elle décide de "remplir ce vide de manière constructive". « J’ai fait un travail sur moi, je voulais pouvoir envisager une suite positive. Deux choses sont sorties : la couture et la musique ». Si sa grand-mère confectionnait des gants en cuir et sa maman des déguisements, Carine n’avait jamais cousu. « Cette activité me permettait de focaliser mon attention sur ce que j’étais en train de faire et non sur le reste de ma vie ».
Déconstruire pour reconstruire
Et elle commence à confectionner des coussins pour le plaisir. « J’ai été vite attirée par les beaux tissus ». Alors que Carine est en congé pour maladie professionnelle, sa maman va lui ouvir le champ des possibles. « Elle venait de prendre sa retraite. Elle a ouvert une micro-entreprise, créé des objets en couture et les a vendus sur les marchés. J’étais spectatrice mais cela a fait germer en moi l’idée que c’était possible ». Si elle était portée par l’envie de s’en sortir, « je ne m’imaginais pas capable de faire autre chose que mon métier. Il a fallu déconstruire et reconstruire ma légitimité, ma confiance, mon originalité. Faire le deuil d’une carrière professionnelle pour se lancer dans une nouvelle. Ce passage à vide a eu le bienfait de me pousser à ces expériences créatives ». Talent à suivre !
Marie-Laure RC
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