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OCTOBRE ROSE - Cristelle Lebreton


"P*****"


Notre collègue Cristelle, socio-esthéticienne du salon de beauté briochin L’Institut, rédactrice de la page beauté et responsable de la mise en beauté de nos invités, a appris fin juin que deux tumeurs s’étaient installées dans sa poitrine. « Je veux témoigner », nous a-t-elle dit. Elle livrera donc son parcours au fil des numéros du magazine. Il débute par l’annonce du cancer et ses trois premiers mois de soins.


Mon corps m’envoyait des signes depuis long- temps et je ne l’ai pas écouté. J’avais une gêne au niveau de la baleine du soutien-gorge mais je n’y ai pas prêté attention plus que ça ».

La découverte « J’avais l’ordonnance pour la mammographie. J’essayais régulièrement de téléphoner mais je n’arrivais pas à les joindre, du coup, je tentais à nouveau quand j’avais le temps... Et puis on laisse tomber. C’est lors un rendez-vous chez ma gynécologue qu’elle a senti la grosseur à l’auscultation. Et là, ça bascule. Quatre jours plus tard, je faisais la mammographie et l’échographie. Une semaine après, la biopsie. Puis, il faut attendre dix jours et on te donne un rendez-vous pour "l’annonce" auquel il ne faut pas que tu viennes seule. La gynécologue n’était pas à l’aise. Elle a commené par m’annoncer qu’ils avaient trouvé des cellules modifiées. Ironiquement, je lui ai demandé si c’était chouette d’avoir des cellules modifiées ! Au bout d’un certain temps, j’ai prononcé le mot cancer. La suite du rendez-vous a été plus fluide. Elle avait anticipé le rendez-vous avec l’oncologue quelques jours plus tard. Idem, il ne fallait pas que je vienne seule. Elle m’a conseillé un ar- rêt de travail immédiat. Là, je me suis dit que c’était sérieux. Mais comment peut-on arrêter d’une seconde à l’autre son en- treprise quand on a des clientes qui nous attendent ? ».

Le tourbillon « L’oncologue m’annonce qu’elle veut m’opérer rapidement. L’ob- jectif est de tenter de sauver mon sein en retirant les deux tumeurs. Cette décision, nous l’avons prise ensemble, elle m’a incluse dans sa réflexion. À partir de là, je suis entrée dans un tourbillon d’examens. Je ne savais pas qu’il pouvait en exister autant. J’ai été convo- quée à Rennes, à Lannion... On m’a injecté des produits iodés, des produits de contraste. Pour le Tep-scan, après l’injection, je découvre que je vais rester 1h30 dans une pièce toute seule, sans lecture ni téléphone, juste avec un écran avec des images de la mer pour que mon cerveau ne soit pas stimulé. Mais ce n’est pas le pire. La veille de l’intervention, en plein été, je suis emmenée à Lannion pour la pose de repères. En fait, ce sont des hameçons qui sont placés dans les tumeurs, reliés à des fils qui sortent du corps, pour guider le chirurgien. Le soignant qui m’accueille me dit que ce n’est pas plus douloureux que la biopsie - qui, déjà, n’était pas une partie de plaisir. J’avoue que toute la bienveillance dont je suis capable s’est évanouie d’un coup. Malgré l’anesthésie, la douleur était insupportable, j’étais en pleurs. Sur une échelle de 0 à 10, j’étais à 20. Intolérable ! ».

« Mon sein, autant je tiens à lui, autant je ne peux plus le saquer, mais je suis désespérée à l’idée de le perdre »


L’opération « J’ai été opérée le lendemain. Je suis arrivée au bloc à pied, accueillie par l’équipe de la chirurgienne. Ils m’ont mis une couverture sur les épaules, se sont tous présentés. Il y avait beaucoup de bienveillance. J’ai opté pour une vidéo avec la mer et choisi une musique. Et la chirurgienne était très chaleu- reuse. Je suis restée une journée à l’hôpital. Avant de partir, ils m’ont retiré le bandage. Je n’ai pas pu regarder ma poitrine. Je porte, depuis, une brassière de contention ( jour et nuit les 15 premiers jours). Une brassière qui coûte 60 € et qui n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale. Il en faut deux... C’est pas forcément accessible à tout le monde. Et il est impossible d’en trouver de seconde main car elles sont commandées à mes mesures. Trois jours après l’opération, j’ai commencé les séances de drainage chez une kiné spécialisée. L’opération n’a pas eu les effets escomptés et je serai à nouveau opérée cet automne, pour une ablation. L’impact psychologique n’est pas le même pour moi... Mon sein, autant je tiens à lui, autant je ne peux plus le saquer, mais je suis désespérée à l’idée de le perdre ».

L’entreprise « Neuf ans de boulot, toutes mes tripes... Ma vie professionnelle est en péril. C’est une double peine. L’Institut est fermé mais les charges continuent de courir et la trésorerie est malmenée. C’est presque pire que le cancer. Heureusement, je suis solidement accompagnée depuis le premier jour par Alain d’Initiative Armor, par ma ma raine économique, Sophie, et Lydie, mon avocate. Ils ont pris en charge les dossiers administratifs de mon entreprise pour me soulager, ont monté un dossier pour demander des aides à l’Urssaf et mis une cagnotte en ligne. Même s’il faut relativiser, perdre mon entreprise, ce serait m’arracher le cœur ».

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