Delphine Herrou utilise son art pour dénoncer les violences conjugales et intrafamiliales. Une exposition : « Non aux violences intrafamiliales ». 27 clichés de scènes de vie. La pho-tographe montre la réalité des victimes pour alerter sur les pratiques et les atrocités vécues au quotidien. Un engagement à sensibiliser etouvrir les consciences. Rencontre.
texte et photo : Marie Lambrinos
C’est un cheminement personnel qui a conduit la quintinaise Delphine à la réalisation de cette exposition unique. Victime elle-même de violences d’anciens conjoints, elle réfléchit à la manière d’utiliser son expérience personnelle pour être utile. Cela prendra la forme d’un reportage photographique pour sensibiliser la population par la force de l’image. « J’ai financé ce projet avec les dommages et intérêts que mon ex-compagnon a été condamné à me verser. Je me suis entourée d’une trentaine de personnes, femmes, hommes et enfants qui ont subi des violences physiques, psychologiques, du harcèlement, de la manipulation, du viol conjugal, revenge porn, inceste, etc ».
Travail de reconstruction
L’idée originale de Delphine, c’est de mettre en scène de vrais témoignages et des textes de personnes victimes de violences intrafamiliales. L’objectif est de montrer la souffrance pour dénoncer la terreur de ces moments où tout peut basculer. « À l’aide de mon amie maquilleuse, Pauline Le Men, nous avons reproduit ce que chacun a pu vivre ainsi qu’une phrase que nous avons pu entendre. Nous avons vécu ces séances photos très fortes en émotion, cela a été comme une thérapie pour libérer la parole et enfin se faire entendre ».
L’art, outil de dénonciation Dénoncer pour mieux alerter, c’est le message que délivrent ces images d’un instantané de vie. Les photos sont puissantes et interpellent le spectateur. Elles racontent une réalité d’aujourd’hui sans gêne ni voyeurisme. « Et même si les plaies et les ecchymoses des modèles ont été reproduites à l’aide de maquillage, tous mes modèles m’ont dit, qu’en vrai, c’était bien pire que ça. Il s’agit de faire prendre conscience aux auteurs de la gravité de leurs comportements et d’éduquer les enfants à ce qu’ils ne doivent pas faire et à ce qu’ils ne doivent pas accepter de la part de l’autre ». Delphine s’engage avec la photo comme mode d’expression pour faire réfléchir les mis en cause et peut-être inciter des personnes victimes à parler, voire à déposer plainte, quand on sait qu’en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex compagnon. L’expo est itinérante, après avoir été présentée à la gendarmerie de Quintin, elle s’installera aux Champs à Saint-Brieuc en septembre et là où chaque structure souhaite l’accueillir.
facebook/instagram :delphine.herrou.photographe
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